Traitement de la dépression
L’apparition de la dépression est insidieuse et le patient n’identifie pas les petits signes annonciateurs. Souvent la phase « d’installation » de la maladie est longue, car en général la personne a l’habitude de faire face à des évènements stressants, elle n’y prête pas attention. Dans ma pratique, j’ai observé que le stress est la porte d’entrée où s’engouffre la dépression. Progressivement, et pas forcément dans le même ordre selon les individus, certains symptômes de la dépression vont apparaître : humeur triste ou irritable, perte d’intérêt ou de plaisir pour les activités, modification de l’appétit ou du sommeil, diminution de l’estime de soi et des capacités de concentration, fatigue et/ou ralentissement moteur, idées noires, de mort et/ou de suicide.
En pratique, la dépression est une maladie neurologique où l’amygdale (centre de la peur) est persuadée que le danger est permanent et sécrète de façon démesurée des hormones de stress (cortisol et noradrénaline), habituellement nécessaires pour préparer le corps au combat ou à la fuite en cas de danger imminent. En cas de stress, le cortex préfrontal (royaume de la raison) est débranché car réfléchir retarde les réflexes de survie. Après plusieurs semaines, les hormones du stress détruisent des neurones de l’hippocampe, qui n’est donc plus en capacité d’éteindre l’amygdale lorsque le danger est passé. Les personnes dépressives sont donc coupées d’une partie d’elle-même.
La psychothérapie classique, bien qu’elle soit un temps d’écoute et de bienveillance, ne peut à elle-seule être efficace. Tout simplement car il est difficile d’accéder au cerveau en passant par le langage chez les personnes déprimées. Dans ma pratique, la première étape c’est l’éducation thérapeutique. Il faut, de façon brève, comprendre la maladie et donner du sens à ce qu’on va faire. J’utilise ensuite la pleine conscience (troisième vague des TCC) et l’EMDR car ce sont les seules thérapies de ma pratique qui sollicitent le cerveau émotionnel et qui sont efficaces quand la région du néocortex responsable du langage est sous activée comme c’est le cas dans la dépression. L’EMDR permet de traiter tous les souvenirs encore actifs sur le plan émotionnel, il diminue l’activité de l’amygdale grâce à des stimulations sensorielles (mouvements oculaires, manettes vibrantes) permettant à l’hippocampe puis au cortex préfrontal de refonctionner normalement.
Souvent, on peut reprendre une psychothérapie plus classique (analytique ou thérapie des schémas) afin que la personne puisse retrouver une bonne image d’elle-même lorsque la personne accède à nouveau à ses capacités de pensée, d’abstraction et de planification. La faible estime de soi et le manque de confiance en soi sont les difficultés qui perdurent le plus, même après la guérison.